Mise à jour le 21 juin 2022
PM2,5, c’est le petit nom que la littérature anglo-saxonne donne aux particules fines d’un diamètre inférieur à 2,5 micromètres (ou microns pour les plus vieux d’entre nous)
La taille réduite de ces particules en suspension dans l’air, est qu’elles peuvent voyager aisément à l’intérieur du corps humain. Jusque là, rien de nouveau.
Mais des études récentes tendent à démontrer que ces PM2,5 ne s’en prennent pas seulement à nos poumons.
Elles s’en prennent aussi à notre cerveau par deux voies :
• elles rejoignent le cerveau en franchissant la paroi des artères et des veines
• elles passent aussi du nez au cerveau en cheminant via les nerfs olfactifs jusqu’au bulbe olfactif.
Première découverte : une étude de Lilian Caldern-Garcidueas (Univ. du Montana) menée au début des années 2000 sur 40 chiens errant dans les zones les plus polluées de Mexico City a montré qu’ils avaient des pathologies de type Alzheimer dans leur cerveau. Elle a donc poussé la recherche sur les populations humaines de ces zones et a découvert dans le cerveau de jeunes enfants des amas de protéines associées à la maladie d’Alzheimer. En 2008, elle écrivait : « L’exposition à la pollution atmosphérique doit être considéré comme un facteur de risque d’Alzheimer » . Des études complémentaires menées par des toxicologues sur des animaux exposés à une forte pollution ont montré que les PM2,5 atteignaient le cerveau, certaines contenant des neurotoxiques comme le manganèse !
Mieux encore une étude de 2018 publiée de le British Medicine Journal portant sur 131.000 londoniens de 50 à 79 ans a conclu que ceux exposés à de forts taux de pollution atmosphérique étaient les plus à même de développer la maladie d’Alzheimer.
Une autre étude, menée par l’Université de Toronto sur 6,6 millions de résident de l’Ontario a montré que ceux qui vivaient à moins de 50 m d’une route à fort trafic avaient une probabilité de développer une démence de 12% plus élevée que ceux vivant à plus de 200 m des mêmes routes.
Pour comprendre les relations de cause à effet entre PM2,5 et Alzheimer, dont certaines causes seraient génétiques, les scientifiques se tournent vers l’expérimentation animale. Des études (Université du Nord Dakota 2015 – Cedar-Sinai Medical Center Los Angeles 2018) montrent que les PM2,5 contenant des métaux lourds altèrent le comportement de certains gènes, déclenchant des cancers et des maladies neuro-dégénératives.
Mais terminons sur une note positive.
Il existe deux axes pour contrer ce phénomène sournois :
• Socialement, une lutte efficace contre la pollution par une réglementation de plus en plus stricte donne des résultats probants sur le long terme.
• Individuellement, l’exercice physique régulier, en accroissant le débit sanguin dans l’organisme (cerveau compris) et en stimulant les niveaux des protéines qui favorisent la croissance et l’entretien des cellules du cerveau permet de combattre cet ennemi insidieux que sont les PM2,5
Sources Scientific American, 322, May 2020, pages 42-47
Lien vers l’article (pour les abonnés) en anglais
Voir aussi
Alzheimer’s Disease and Alpha-Synuclein Pathology in the Olfactory Bulbs of Infants, Children, Teens and Adults ≤ 40 Years in Metropolitan Mexico City: APOE4 Carriers at Higher Risk of Suicide Accelerate Their Olfactory Bulb Pathology. L. Calderón-Garcidueñas et al. in Environmental Research, Vol. 166, pages 348–362; October 2018
Particulate Matter Air Pollution, Physical Activity and Systemic Inflammation in Taiwanese Adults. Z. Zhang et al. in International Journal of Hygiene and Environmental Health, Vol. 221, No. 1, pages 41–47; January 2018.
Particulate Matter and Episodic Memory Decline Mediated by Early Neuroanatomic Biomarkers of Alzheimer’s Disease. D. Younan et al. in Brain, Vol. 143, No. 1, pages 289–302; January 2020.